Le 6 décembre 2021

Le GERPEN est né d’un manque, d’un vide, qui, dans les années 80, laissait la psychanalyse d’enfant orpheline parmi des associations réservant cette pratique aux seuls adultes et considérant qu’elle ne pouvait prétendre qu’au « cuivre » de la psychothérapie. Le transfert, voire l’inconscient, ne faisait pas figure d’évidence malgré les expériences multiples justifiant du contraire. C’est à l’initiative de James Gammill (cf l’histoire plus détaillée sur le site) que Donald Meltzer et Martha Harris, invités à Paris, ont ouvert par leur pensée originale, leur pratique engagée, une dimension nouvelle, un champ, où la théorisation nourrie par la clinique devenait lumineuse et créatrice. Cette voie nouvelle maintenue depuis quarante ans grâce à des analystes de renom, parfois très éloignés de l’hexagone, mais aussi l’apport de l’observation des bébés facilitant l’accès aux zones les plus profondes de la psyché, ont permis de définir un certain esprit, une façon de penser évolutive, nourrie en dedans par la clinique et en dehors par d’autres regards, anthropologiques, philosophiques, neurobiologiques.

Cette forme de connaissance acquise à l’épreuve du neuf, de l’inattendu, n’est pas sans rappeler le processus même de la cure.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les répétitions, dit-on, font partie de l’histoire. Mais si, à l’heure actuelle, la psychanalyse d’enfant se trouve à nouveau en danger, la cause ne se limite pas à un défaut de reconnaissance, mais bien davantage à une attaque frontale, en partie orchestrée par l’État, qui la considère comme obsolète en regard des thérapies brèves quelle que soit leur nature… Il ne s’agit plus d’un débat scientifique mais d’une posture idéologique, fruit d’une dérive sociétale complexe, condamnant l’inconscient, l’invisible, le non maîtrisable au bénéfice d’un consumérisme exacerbé. Nous savons pourtant que les professionnels et les familles souffrent de cette réduction du champ de la pensée et que le travail psychanalytique avec l’enfant, quand il peut s’exercer dans un cadre adapté, en alliance avec les parents, permet des améliorations remarquables, y compris dans les pathologies les plus sévères. La pandémie n’a fait que renforcer ce qui préexistait avant elle. Dans ce contexte, le GERPEN tient à maintenir la voie de son origine faite d’ouverture, de rencontres et de recherche afin de rester dans le champ d’une clinique créative et rigoureuse.

La commémoration en l’honneur de Donald Meltzer et de Martha Harris, qui fera l’objet de notre week end de novembre 2022, sera pour nous l’occasion de réaffirmer la valeur d’un modèle, pour la qualité humaine et la qualité d’écoute de la posture d’analyste qu’il met en valeur, et, bien sûr, pour la richesse de son apport théorique.

En mars 2022 nous aurons le plaisir de retrouver le philosophe François Jullien, autour des concepts de « vraie vie » et de « dé-coïncidence » à mettre en résonance avec la pratique psychanalytique.

En juin 2022, Joshua Durban, dans la droite ligne de cet esprit que nous souhaitons maintenir et partager, évoquera avec nous les confusions corps-genre et leur impact sur la sexualité chez les enfants autistes.

Nous proposerons aussi dans le cours de l’année un après-midi théorico-clinique en visio consacré au transfert.

Nous espérons avoir le plaisir de vous retrouver lors de ces différents rendez-vous afin que nous puissions, au sein de débats et d’échanges, redonner au travail psychanalytique avec l’enfant la place qui, dans le champ de la santé mentale, devrait être la sienne.

Jean-Claude Guillaume